Interval  Training

L'entraînement pour améliorer la consommation maximale d'oxygène permet d'illustrer la méthodologie de l'individualisation de la charge (intensité-durée-répétition-forme intermittente ou con­tinue) par la prise en compte du temps limite continu à vVO2max pour la calibration de l'intensité et de la durée de l'entraînement fractionné (interval-training).

Reindell et Roskamm (1959) furent les premiers scientifiques à décrire les principes de «l'interval­training», déjà popularisés dans les années 50 par le champion olympique Emile Zatopek (qui répétaitjusqu'à 100 fois 400 m en 80 secondes, soit environ 80% de sa vitesse à VO2max ).

 

  L'interval-training (IT) consiste en une ou plusieurs séries d'exercices alternés avec des périodes de récupération dont l'intensité est légère ou modérée (Fox et al., 1993). Par cette alter­nance, il est possible d'augmenter la quantité de travail à une intensité élevée (Astrand et al. 1960; Christensen et al. 1960; Fox et al. 1969; 1974; Margaria et al., 1969).

Margaria et al. (1969) avaient même émis l'hypothèse selon laquelle il était possible de continuer indéfiniment un exercice intermittent en alternant des répétitions de 10 secondes d'exercice à 130% de la puis­sance sollicitant VO2max, entrecoupées de 30 secondes de repos. Pour les Allemands Reindell et Roskamm (1959), la période de récupération (« l'intervall ») qui suit chaque répétition courue à haute intensité est la plus déterminante dans les adaptations cardiovasculaires. 

 

En revanche, pour «l'interval-training» de l'Américain Fox, c'est la période d'exercice intense qui est importante. Pour Fox, l'interval-training correspond en fait aux exercices intermittents, c'est-à-dire comportant une alternance de phases d'activité intense et de récupération. C'est dans ce sens que nous utiliserons, dans la présente étude, la terminologie «interval-training». En outre, le terme d'entraînement « fractionné », se réfère à une séance d'entraînement dont la distance totale cor­respond environ à celle des compétitions mais fractionnée en plusieurs parties et dont la vitesse est généralement proche de celle visée en compétition. 

Depuis Emil Zatopek (dans les années 50), les coureurs de demi-fond et de fond utilisent ce procédé pour augmenter le volume d'entraînement couru à des vitesses spécifiques de compétition (1500 m-10 000 m) compris entre 90 et 110% de leur vitesse sollicitant leur VO2max, c'est-à-dire vVO2max (Daniels et Scar‑dina, 1984; Lacour et al., 1991; Padilla et al., 1992; Billat et al., 1996a).

 

Le but de l'entraînement intermittent est d'augmenter la consommation maximale d'oxygène. Gorostiaga et al. (1991) ont montré qu'un entraînement intermittent utilisant des répétitions de 30 secondes de course à 100% de vVO2max alternées avec 30 secondes de repos, améliorait le VO2max de façon significative, ce qui n'était pas le cas d'un entraînement continu de 40 minutes à 70% de VO2max . 

L'interval-training (IT) peut, cependant, recouvrir des formes très différentes. En effet, selon l'intensité et la durée des fractions à hautes et basses vitesses, la part respective des métabolismes aérobie et anaérobie dans la dépense énergétique sera modifiée (Christensen et al., 1960).

 

C'est pourquoi dans la conception et la planification d'un entraînement intermittent doivent être pris en compte la durée et l'intensité de l'intervalle de récupération et de travail, ainsi que le nombre de répétitions et de séries (Fox and Mathews, 1974; Knuttgen et al., 1973). Saltin (1976) considère les paramètres supplémentaires de «périodicité», qui est le rapport entre le temps d'exercice intense et de récupération, et celui «d'amplitude», qui décrit la différence entre la puissance requise par l'exercice intense et celle de la récupération par rapport à la puissance moyenne de VIT. 

Par exemple, pour une série de répétitions d'exercices à 100% de vVO2max alternés avec des exercices à 60% de vVO2max (de même durée), la puissance moyenne de l'entraînement est de 80% vVO2max et l'amplitude de (100 - 60/80 = 50%). 

Généralement, les entraîneurs calibrent l'intensité de la répétition de l'interval-training en se référant soit à la vitesse record du coureur sur la distance choisie pour celui-ci, soit par rapport à vVO2max (Billat, 1991). Cependant, Astrand et al. (1960, page 448) ont mis en évidence que des durées d'entraînement intermittent inférieures à 1 minute ne représentaient qu'un travail sous-maximal au regard des réponses cardios respiratoires et métabolique enregistrées. Ils préconisaient alors des répétitions de 2 à 3 minutes pour permettre d'atteindre le VO2max . Dans le cas d'un entraînement intermittent couru à vVO2max, la durée préconisée est de 1 à 8 minutes (Fox et al., 1977, Astrand et al., 1960). 

 

Cependant, des études récentes ont montré qu'un groupe de coureurs de fond ayant des valeurs homogènes de VO2max (5% de coefficient de variation, c'est-à-dire le rapport entre l'écart type et la moyenne) avaient par contre un grand coefficient de variation (25%) de leur temps limite à VO2max (tlim 100) (Billat et al., 1994a). En effet, pour une valeur moyenne de 6 minutes, le temps limite à vVO2max était compris entre 4 et 11 minutes. . Donc, cette durée de 2 minutes couramment utilisée par les entraîneurs ne représenterait pas la même contrainte, («stress»), le même stimulus pour deux coureurs se situant aux extrêmes de l'étendue des valeurs de tlim à VO2max (4 ou 11 minutes).