Temps  limite  de  la  VMA

Temps limite  de la  vitesse maximale aérobie : VMA

 

 L'épreuve de temps limite (temps de maintien) à VMA pour la vérification de la vitesse maximale aérobie est obtenue lors d'épreuves progressives sur piste. Elle peut être réalisée sur tapis roulant, avec ou sans prélèvement des gaz expirés, procedés cependant utiles pour le calcul du différentiel, entre les paliers, des économies de course afin d'évaluer la part du métabolisme anaérobie à VMA et le temps réel de maintien à VO2max . Elle est surtout préconisée pour un usage courant de la part des entraîneurs qui peuvent la faire passer sur piste afin de vérifier VMA. Ainsi pour une même VMA, ils peuvent enregistrer une éventuelle progression du temps limite à VMA. Ceci exprime donc la quantité totale de travail effectué à VMA, la distance maximale aérobie en mètres. 

 

Le protocole de l'épreuve est décrit ci-après.

 

Environ une à deux semaines après avoir réalisé une épreuve progressive de détermination de VMA (Léger ou Brue) sur le terrain, le coureur effectue cette épreuve de temps limite à VMA. L'échauffement est de 15-20 minutes à 60% de VMA. Puis en 20 secondes, le coureur atteint sa VMA et la maintient le plus longtemps possible (temps limite à VMA) . La distance et le temps soutenus à cette intensité constituent la base de calcul des différents entraînements fractionnés (courts et longs) à diverses intensités exprimées en pourcentage de VMA.

À consommation d'oxygène égale, on peut encore distinguer deux types de sujets : ceux qui sont capables de maintenir leur effort à cette consommation maximale d'oxygène, le «temps limite à VO2max », pendant longtemps (plus de 6 minutes) et ceux qui ne le peuvent pas. 

En effet, si cette notion de consommation maximale d'oxygène est connue depuis près de 80 ans, son temps de soutien a été négligé et de fait peu exploré.

Certains auteurs l'estimaient à une vingtaine de minutes sans imaginer que le temps de maintien pou­vait être différent d'un sujet à l'autre et pouvait évoluer

avec l'entraînement, à l'image de la consommation maximale d'oxygène elle-même. Nombre d'auteurs sous-estimaient son caractère prédictif pour la performance ainsi que son utilité pour le calibrage du temps de course à vVO2max lors des répétitions des séances d' i nterval-training.

C'est pourquoi des études ont montré, depuis les années 90, tout l'intérêt de la mesure du temps limite à la consommation maximale d'oxygène, avec comme objectif la validation d'un nouveau critère de l'endurance aérobie : le temps de maintien (temps limite) de la consommation maximale d'oxygène .

Ce critère va fournir :

-         un cadre de référence pour le choix de la durée d'entraînement à sa VMA,

-         un critère d'évaluation de l'aptitude aérobie et de la préparation du sportif, plus sensible et complémentaire de VO2 max.

Les résultats essentiels sont présentés dans la partie suivante qui illustre l'intéraction indispensable entre le domaine scientifique (la physiologie) et le domaine technique (l'entraînement) pour résoudre à la fois des questions de physiologie fondamentale (les mécanismes de la fatigue à VO2 max) et appliquée (les méthodes d'entraînement pour améliorer VO2 max et son temps de soutien).

Les principales connaissances du temps limite à vVO2max sont les suivantes : 

1)Le temps de maintien à VO2 max est reproduc­tible pour un même sportif d'une semaine à l'autre (Billat et al., 1994a). 

 

2)On observe une grande variabilité interindivi­duelle du temps limite à VO2 max, les durées allant de 4 à 11 minutes, largement réparties autour de la moyenne (6 minutes) qui permet de vérifier qu'une valeur de VO2max mesurée par un test de terrain (Léger et Mercier, Brue) n'est pas surestimée . 

Ces données pouvaient alors expliquer pourquoi deux sportifs répondent de façon différente à un entraînement fractionné composé de 5 répétitions de 3 minutes courues à la vitesse associée à VO2 max alternées avec 3 minutes de course lente à 60% de vVO2 max. En effet, pour celui qui avait un temps de soutien de sa vitesse associée à VO2max de 11 minutes, les 3 minutes de course à vVO2 max représentaient une charge d'entraînement relativement modeste; mais, pour celui qui avait un temps de soutien de sa vitesse associée à VO2 max de 4 minutes, les 3 minutes de course à vVO2 max constituaient une charge d'entraînement beaucoup plus importante (Billat et al., 1996c). 

 

3)Le temps limite à VO2 max peut être envisagé comme un paramètre supplémentaire de la charge d'entraînement du sportif afin de l'indi­vidualiser de façon la plus précise possible. 

 

4) En effet, le temps limite à la vitesse aérobie est utilisé pour calibrer l'entraînement visant l'amélioration de la consommation maximale d'oxygène.

II a été montré qu'il était possible aux sportifs, en respectant une durée d'entraînement égale à la moitié du temps limite à vVO2max , de répéter au maximum 5 fractions de durée égale à la moitié du temps limite à vVO2max . Les temps de récupération courus à 60% de vVO2max sont égaux aux temps des fractions courues à 100% de vVO2max  (Billat et al., 1996c).Par exemple, pour le coureur qui a un temps limite à vVO2max de 4 minutes, son entraînement fractionné sera composé de 5 répétitions de 2 minutes à vVO2max ; par contre, pour celui qui un temps limite à vVO2 max égal à 11 minutes, il pourra accomplir 5 répétitions de 5 min 30 s à vVO2max .Ce travail permet de solliciter le coeur et les muscles à la consommation maximale d'oxy­gène sur une plus longue durée que celle d'un exercice continu. On s'est donc intéressé à l'effet d'un tel entraînement sur VO2max, vVO2max et le temps limite à vVO2max .

Ainsi prenons le. cas de Radhouane qui a un temps limite à vO2max de 6 minutes, il devra donc s'entraîner avec des répétitions de 3 minu­tes (50% de 6 min). II devra enchaîner 5 répéti­tions de 3 minutes à 23 km/h séparées par des récupérations de même durée (3 minutes) courues à 60% de vVO2max, c'est-à-dire 60% de 23 km/h ou 14 km/h (soit environ 700 mètres). On a pu ainsi démontrer que quel que soit le temps limite continu (qu'il soit de 4 ou 11 minu­tes) les athlètes étaient capables d'accomplir 5 répétitions égales à la moitié du temps limite continu (Billat et al., 1996c). 

En. connaissant et respectant le temps limite à vO2max du sportif, on peut lui assurer un nombre de répétitions suffisant pour solliciter une consommation maximale d'oxygène 2,5 fois (5 x 0,5 tlim à vVO2max) plus longue que s'il s'était contenté d'accomplir une seule répé­tition continue.II est ainsi possible de solliciter davantage la puissance maximale aérobie, son amélioration étant conditionnée par le temps de travail à la consommation maximale d'oxygène.Les causes physiologiques d'une telle variabilité de la valeur du temps limite à vVO2max dépendent de la capacité lactique du sportif.

Afin d'expliquer une telle différence à vVO2max, nous avons montré qu'il existait une corrélation entre la capacité à soutenir un fort pourcentage de la consommation maximale d'oxygène et la participation du métabolisme anaérobie lactique.

Cette capacité est le second critère d'apprécia­tion de l'endurance aérobie, cette fois sous-maximale, à une vitesse inférieure à vVO2max Ces qualités du métabolisme aérobie d'un sportif sont mesurées par le seuil anaérobie ou seuil lactique . Il s'agit du pourcentage de vVO2max à partir duquel l'acide lactique com­mence à s'élever de façon franche au-dessus de la valeur de repos, cet accroissement étant le témoin d'un défaut de resynthèse d'ATP à partir du métabolisme aérobie pour satisfaire la puis­sance de l'exercice. 

 

5) Les mécanismes de la fatigue à vV02max à des puissances ou vitesses liminaires (90-105% vVO2max) relèvent de la fonction pulmonaire.

Bien que des controverses existent, le système pulmonaire n'est généralement pas considéré comme un facteur limitatif de la consommation maximale d'oxygène (VO2max) et de l'aptitude à la soutenir longtemps (temps limite à V02max ). En effet, nous savons que, dans le cadre de la fonction cardiovasculaire, le débit cardiaque est le principal facteur limitatif de VO2max (di Prampero, 1989).