Etude du pas 


On a déjà dit que la marche était un défi puisque le corps est en déséquilibre à chaque pas. La marche est une chute continuelle vers l'avant, un mouvement de bascule sur le pied qui sert d'appui, et une réception du corps sur l'autre pied lorsque l'équilibre devient précaire.

 

Le talon frappe d'abord le sol, un peu avant la base des orteils. Le gastrocnémien (jumeaux interne et externe) et le soléaire (ces trois muscles forment le triceps sural) se contrac­tent et lèvent le talon avec tout le corps. Les muscles péroniers portent ensuite le poids du corps sur la tête des métatarsiens par une poussée latérale décentrée qui est équilibrée par l'abduction et la flexion du petit orteil.

Finalement, un bon nombre de fléchisseurs du gros orteil lancent le pied vers le haut pendant que se produit l'extension du membre au genou et à la hanche grâce à une action musculaire appropriée. Le pied est maintenant en l'air et le membre inférieur doit plier et balancer vers l'avant en un mouvement oscillant. Au même moment les petit et moyen fessiers se contrac­tent pour amener le pelvis et le centre de gravité du corps au-dessus de la jambe d'appui tout en soulevant encore plus la jambe oscil­lante. Simultanément, le pelvis pivote autour de l'articulation de la hanche de la jambe d'appui, facilitant la projection en avant et l'amplitude du mouvement de balancier de la jambe oscillante. Ces mouvements sont assis­tés par des muscles du tronc qu'on nomme souvent les fléchisseurs latéraux de la colonne. La jambe s'étend, le pelvis s'incline sur elle, déplaçant le centre de gravité du corps; au contact du talon avec le sol un autre pas s'amorce. Il ne faudrait pas croire que cette description est complète; la démarche humaine ne se décompose au moins en six mouvements compliqués qui tiendraient dans plusieurs pages de texte même si on ne décrivait que ce qu'on en sait.

 

La figure 7-22 est une synthèse et une revue de la fonction musculaire du membre inférieur

La légende est délibérément longue pour vous, permettre de bien associer le texte au dessin et aux mouvements musculaire Il n'est pas seulement nécessaire de marcher; on doit parfois demeurer debout, action pour laquelle le membre inférieur est moins bien adapté. Il a été conçu pour la marche car les articulations ne se bloquent pas à l'arrêt. La stabilité acquise est le résultat de contractions isométriques intermittentes ou continues dans presque tous les muscles du membre inférieur puisque le corps a toujours tendance à tomber dans une direction ou une autre. Aussitôt que les récepteurs de l'équilibre perçoivent une inclinaison, aussi faible soit-elle, les signaux envoyés au système nerveux central permettent de rectifier la position. Même un soldat entraîné qui se met au garde-à-vous ne peut demeurer immobile devant des instruments de mesure précis, mais il est fort possible que son adjudant ne le remarque pas.

 

Les articulations du membre inférieur lui permettent une grande variété de mouvements, quoique chacune ait une liberté d'ac­tion qui corresponde à ses caractéristiques mécaniques propres; celles-ci dépendent à leur tour du rôle et de la situation de l'articulation. Seulement dans le pied, il y a quelque 25 articulations synoviales dont on explique en­core mal les actions. Nous insisterons plutôt sur les articulations les plus en évidence, soit celles de la cheville, du genou et de la hanche.

 

Figure 7-22 La fin d'un pas, lorsqu'on pousse avec gros orteil pour assurer fermement la demi-pointe du pied sur le sol, est possible grâce à la contraction des muscles de la jambe qui sont colorés sur le dessin, soit le gastrocnémien (1), le soléaire (2) et le long péronier( Les deux premiers tirent sur le calcanéus par le ten­don calcanéen; la pointe du pied s'applique sur le sol et tout le corps est soulevé vers l'avant. Au même moment ou un peu avant, le long péronier tire sur son tendon. Celui-ci passe le long du calcanéus au travers d'une attache ligamenteuse puis traverse en oblique à l'autre côté de la plante du pied. La contraction du long péronier assure donc la flexion plantaire et le transfert de la masse du corps sur la face médiale du pied, celle gros orteil. Ce dernier fléchit grâce à la contraction de ses muscles intrinsèques.
Lorsque ces mouvements sont complétés, l'antago­niste des fléchisseurs plantaires, le tibial antérieur (« prépare le pas suivant en tirant le pied vers le haut (flexion dorsale).
Pendant que le pied pousse le corps vers le haut, la jambe entre en extension grâce au droit fémoral et aux vastes latéral et médial (5 et 6). La jambe, maintenant suspendue en l'air, fléchit de nouveau sous la traction des fléchisseurs antagonistes du droit fémoral et des vastes latéral et médial, soit le sartorius (8), le gracile le biceps fémoral (9) et les tendons du jarret, non ap­parents sur la figure. Si le pas se fait en montant un escalier, alors le grand fessier (10) se contracte pour garder le corps droit. En terrain plat son action est importante

 

 

Bibliographie : Anatomie et physiologie humaines Solomon et Davis 1981